Les Danses du Crépuscule

Les Danses du Crépuscule est une œuvre chorégraphique pour et par une dizaine d’hommes détenus en Maison d’Arrêt au moment de la création.

C’est avant tout l’histoire de leurs corps. Des corps qui, sur un temps donné, ne bénéficient pas de la même liberté que les autres.

Des corps coincés dans des espaces restreints, cohabitant en permanence avec d’autres, épiés, souffrants, souvent mal écoutés…

Des corps réunis ici par un seul point commun : être privés de liberté. Des corps que la société voudrait nous faire croire différents, inaptes, peut-être même effrayants, et qui pourtant sont profondément humains.

Imaginons maintenant ces corps se mettre à danser, à créer une entité soudée, consciente, puissante, criante… Des corps qui s’entraident pour aller plus loin, plus haut, plus fort.

Et paradoxalement, ces corps se mettent aussi à respirer, à lâcher prise, à céder au poids. Ces personnes deviennent alors singulières. Leurs histoires dépassent celles de corps enfermés. Elles dansent et narrent sur scène l’unique histoire qu’elles peuvent partager pleinement : la leur.

Et cette histoire comprend l’ailleurs : les projections, les envies, les peurs de l’avenir, les souvenirs. Elle décale les représentations pour donner à voir et à entendre ces personnes. Elle laisse place à l’humain.

Afin que chaque danseur du Crépuscule prenne la parole sous forme de témoignages oraux et dansés, Lou Cantor, chorégraphe, accompagnée de Rozenn Le Berre, autrice, cherche activement à laisser coûte que coûte une place à leurs vies. Durant la création, elles mènent des temps d’écriture et de discussion autour des histoires et souvenirs de chacun, en lien avec leur situation actuelle. Ces témoignages sont restitués sur scène, par bande sonore ou par textes récités, et toutes les pépites de gestes qui existent en eux prennent vie sur le plateau.